Les domaines vitaux :

Le domaine vital est l’aire où un animal vit ordinairement et qui suffit à répondre à ses besoins vitaux.  C’est la surface traversée par l’individu pendant ses activités normales de recherche de nourriture, de reproduction et de soin aux jeunes.

Plusieurs indices de déplacement peuvent être déduits de la localisation des captures et recaptures sur un quadrat d’étude. Ce sont : la Distance entre captures successives (DRS) et la Distance Maximale de Recapture (DMR) (Granjon, 1987).

Les déplacements observés confirment bien la valeur de la notion de domaine vital. Il s’agit de trajets plus ou moins longs constatés par les recaptures successives.

Par la technique des surfaces inclusives définie par Stickel (1946), on peut obtenir quelques valeurs moyennes pour la surface du domaine vital de chaque individu (voir tableau I), mais cette méthode est trop peu pratique. Il paraît préférable d’envisager un domaine vital sous la forme d’un cercle centré sur le centre d’activité (Blair, 1942) et de diamètre égal à la moyenne des distances maximales de recapture (DMR) (Stickel, 1946).

Modifications du domaine vital

La DMR et la DRS, témoins du domaine vital ne sont pas constantes tout au long de l’année mais varient, en particulier en fonction des modifications physiologiques des animaux. La reproduction agit en effet très nettement sur les déplacements des individus ; elle augmente ceux des mâles aussi bien que ceux des femelles ; celles-ci restent très près du nid quand elles nourrissent leurs petits.

Cependant, la DMR et la DRS des mâles c'est-à-dire leur domaine vital, dont la dimension avoisine celles des femelles en saison sèche et augmente pendant la période de reproduction pour doubler ou tripler, avec d’assez fortes variations individuelles. Celui des femelles semble par contre très stable tout au long de l’année ; il est stable, malgré les variations qui évoluent au cours de l’année, ainsi que d’une année à l’autre (Hubert et al, 1981).

Plusieurs individus ont été recapturés une ou plusieurs fois dans un cercle de rayon de quelques mètres (10m au minimum). Toutefois de temps en temps un animal a pu être recapturé à plusieurs dizaines de mètres du piège où il a été capturé une ou deux nuits précédemment. Hubert a observé en 1977 des déplacements de Mastomys erythroleucus allant de 80 à 120m.

Ces déplacements du domaine vital d’un mois à un autre sont d’importance variable selon les individus et semblent se faire dans n’importe quel sens (tableau II). Par exemple, une femelle de Mastomys parcoure 22m entre Septembre et Octobre et 28m d’Octobre à Décembre, ce qui la ramène à 5m du centre d’activité du mois de Septembre (Hubert, 1977).

 

Références

o       Blair, W.P. (1942) Size of home ranges one the life history of the woodland deer-house and Eastern chipmunk in Northern Michigan. Journal of Mammalogy t. 23 :27-36.

o       Granjon, L. (1987) Évolution allopatrique chez les Muridés : mécanismes éco-éthologiques liés au syndrome d'insularité chez Mastomys et Rattus, Thèse, Univ. Montpellier 2, 163p.

o       Hubert, B.  (1977) Ecologie des populations de deux rongeurs de Bandia (Sénégal) Laboratoire de Zoologie Appliquée. La terre et la vie t. 31 : 33-100

o       Hubert, B., Couturier, G., Poulet, A. et F. Adam (1981). Les conséquences d’un supplément alimentaire sur la dynamique des populations de rongeurs au Sénégal. I. le cas de Mastomys erythroleucus en zone sahélo-soudanienne. Laboratoire de Zoologie Appliquée. Terre et vie, t. 35 : 73-95.

o       Stickel, L.F., (1946) Experimental analysis of methods for measuring small mammals populations. J. Wildl. Mgm t. 10:150-159.