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Les schistosomiases, font partie de la famille des maladies tropicales négligées et sont d'une grande importance pour la santé publique. Il s'agit de la seconde endémie parasitaire humaine après le paludisme, affectant près de 240 millions de personnes dans le monde et causant plus de 200 000 décès par an, principalement en Afrique subsaharienne. L'épidémiologie des schistosomiases est complexe, reposant sur des dynamiques de transmission hôtes-parasites encore mal comprises. En effet, il peut exister localement : i) une diversité d'espèces / d'hybrides de Schistosoma, ii) une diversité de mollusques " vecteurs " de la maladie, et iii) une diversité d'hôtes alternatifs non humains (rongeurs, bétails) intervenant comme réservoirs. L'absence de méthodes suffisamment résolutives à des échelles spatiales fines limite actuellement notre compréhension des dynamiques de transmission des différents parasites sur les différents hôtes vecteurs et réservoirs ainsi que leurs interactions. Les risques sanitaires pour l'homme sont donc difficiles à inférer à une échelle locale. Au Sénégal, le système multi-hôtes et multi-parasites des schistosomiases commence à être mieux décrit et ses implications sur le développement d'une lutte durable contre la maladie mieux considérées. Les données acquises suggèrent que les rongeurs seraient les seuls hôtes porteurs à la fois de parasites infectant les humains et d'autres animaux comme le bétail. Ce projet vise à confirmer l'hypothèse selon laquelle les rongeurs constitueraient des " hubs " biotiques dans lesquels se rencontreraient et s'hybrideraient les parasites de l'humain et des animaux. Il vise également à étudier si les populations de rongeurs pourraient être utilisées comme des indicateurs du risque sanitaire local. Des données parasitologiques issues d'échantillonnages sur le terrain et d'une expérimentation de capture marquage recapture permettront de quantifier la contamination des rongeurs. Des analyses moléculaires seront ensuite utilisées afin d'identifier les espèces (génotypage cox1 - ITS) et de décrire la structuration des populations (RADseq) de l'espèce majoritaire (S. mansoni) sur homme et rongeurs à une échelle locale. Ceci permettra de mieux comprendre le rôle des rongeurs dans la transmission aux populations humaines et ainsi d'adapter les stratégies de contrôle et d'élimination des schistosomiases. |
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L'urbanisation accélérée de la planète constitue l'un des enjeux majeurs des décennies à venir, notamment dans le cadre des Objectifs du Développement Durable. De nombreux aspects des dynamiques urbaines et de leurs multiples implications socio-environnementales et sanitaires sont partagés par les villes du monde entier. Cependant, les villes africaines sont plus spécifiquement confrontées à des transitions sociétales de grandes ampleurs, protéiformes, avec des transitions profondément imbriquées sur les plans morphologiques-fonctionnels, environnementaux, économiques, politiques, ou socio-démographiques. La résultante de ces transformations sur le système sanitaire, et sa capacité à guider la transition épidémiologique s'avèrent difficiles à anticiper, en particulier dans un contexte où l'émergence des maladies chroniques s'ajoutent aux maladies infectieuses, toujours présentes. Pour identifier les éléments clefs d'une gestion urbaine durable associée à l'interface environnement/santé, une approche résolument interdisciplinaire et intégrée apparaît nécessaire. A la suite d'un atelier intitulé "Santé et environnement dans les villes d'Afrique de l'Ouest" (SEVAO, 2019) réunissant des chercheurs et ingénieurs de l'IRD, membres de différentes UMR (CBGP, CESSMA, Espace-DEV, HSM, LOCEAN, LPED, MERIT, MIVEGEC, SESSTIM), avec l'appui des départements SAS, SOC et EcoBio, et celui de la MP2I, plusieurs thématiques prioritaires (îlots de chaleur, événements pluviométriques extrêmes et inondations, pollutions, production et gestion des déchets) ont été identifiées, ainsi que deux axes transversaux (fabrique de la ville et justice environnementale), sur lesquels il apparaît pertinent que l'IRD et ses partenaires se positionnent de façon collective. La mission confiée à Renaud est de mener (i) une synthèse systématique de la littérature existante pour mieux appréhender les interactions santé/environnement dans les villes africaines (Afrique subsaharienne, et Madagascar) (ii) une réflexion sur les approches et outils analytiques permettant de co-analyser des corpus de données issues de disciplines différentes (iii) une animation du collectif SEVAD (ex-SEVAO) dans le cadre de mises en place de projets à forte dimension interdisciplinaire.
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