En dépit des variations parfois extrêmes des disponibilités en eau de leur environnement, les organismes doivent maintenir leur équilibre hydrominéral dans des limites (dites homéostasiques) compatibles avec la vie.
De nombreuses adaptations ont été développées par les espèces au cours de leur évolution pour maintenir cet équilibre qui impose que les gains en eau d’un organisme compensent ses pertes. Si les adaptations anatomiques et comportementales à l’aridité ont été largement étudiées chez les rongeurs désertiques, on connait encore mal les adaptations physiologiques des rongeurs tropicaux : on se demande notamment ce qui permet à certaines espèces de maintenir leur équilibre hydrique à un niveau d’échange (gains en eau <-> pertes en eau) plus bas que d’autres ; et ce qui permet à certaines espèces d’entrer en estivation (état physiologique de vie ralentie proche de l’hibernation).
Pour répondre à ces questions nous développons une approche expérimentale comparative qui vise à caractériser : (a) le rôle des systèmes anti-diurétique (vasopressine, galanine) et diurétique (peptides natriurétiques) dans la régulation des entrées et des pertes en eau (principalement chez Taterillus gracilis, et Steatomys caurinus) ; (b) les mécanismes du déclenchement de l’entrée en estivation (principalement chez Steatomys caurinus et genre Acomys)
En parallèle à ces recherches sur la régulation centrale du turnover de l’eau, nous cherchons à déterminer : (a) les limites homéostasiques du turnover de l’eau chez les rongeurs soudano-sahéliens en plaçant ces derniers dans des situations extrêmes (favorables ou au contraire défavorables) de disponibilité hydrique ; (b) les limites des variations saisonnières du turnover de l’eau chez ces mêmes espèces lorsqu’elles vivent dans leur environnement naturel.
L’analyse comparative de ces deux jeux de données permet de savoir si les espèces étudiées disposent (ou non) d’une certaine réserve adaptative. En confrontant cet ensemble de données avec les connaissances acquises sur la répartition de ces espèces, il sera possible de savoir dans quelle mesure l’aptitude à réduire le turnover de l’eau peut servir de marqueur de l’adaptation à l’aridité. Ce travail, déjà commencé au Burkina Faso et au Mali, pourrait être développé au Sénégal, où la distribution des espèces ainsi que les effets des changements climatiques sur cette distribution sont les mieux connus.