Projet SimMasto - Centre d'informations - information n°032

 

MATÉRIELS ET MÉTHODES DE LA TAXIDERMIE DES PETITS MAMMIFERES

(extraits des rapports de stages en taxidermie à l’IRD Bamako d’Aliou Sow, 2007 et Youssou Niang, 2009)

 

Origine du matériel biologique (Rongeurs et Insectivores) pour la taxidermie

Le taxidermiste travaille sur des spécimens d’origines diverses dont, en général, il n’est pas le collecteur. Cependant, lors des collectes réalisées par des professionnels, toutes les informations utiles sont récoltées pendant que l’animal est à l’état frais (lieu et date de capture, numéro de terrain, espèce, sexe, mensurations internes et externes…). Lors de l’autopsie du spécimen, celui-ci doit être ouvert ventralement. En vue d’une bonne préparation en taxidermie, cette ouverture doit être droite et médiane, commençant après l’anus et s’arrêtant avant le sternum. Une fois l’autopsie réalisée, il est important de fixer l’animal dans du formol à 10% pendant une à deux semaine au moins, avant de le stocker dans une solution d’alcool à 70% jusqu’à son traitement. Avant de commencer le travail de taxidermie, il convient de tremper la carcasse dans de l’eau au moins un jour avant le traitement.

Matériel biologique : petit rongeur sortant du liquide fixateur (formol ou alcool)

Présentation d’un atelier de taxidermie

Un atelier de taxidermie doit être très aéré à cause des produits utilisés (formol en particulier) et doit disposer d’une hotte si possible. Il doit être équipé d’un congélateur, d’une paillasse, d’un évier, d’un meuble de rangement (étagère ou armoire) pour faire sécher et exposer les modèles et certains consommables de laboratoire (papier absorbant, scotch, étiquettes, cahiers de laboratoire, …). Travailler dans un atelier de taxidermie demande une hygiène et des conditions de sécurité particulières. La conservation et la consommation d’aliments y est strictement interdite.

Techniques de la taxidermie

Élimination des produits de fixation

La conservation se fait avec du formol 10% et / ou de l’éthanol 70° (idéalement les deux successivement). Pour bien fixer la peau (ou l’animal entier), il faut qu’elle (il) soit immergé(e) entièrement dans le liquide fixateur (si une partie est mal trempée dans le produit, elle se détériore et devient irrécupérable). Une peau bien fixée au formol ne sent pas mauvais et ne pourrit pas ; elle peut rester plusieurs jours dans l’eau sans se décomposer (la peau est protégée des attaques d’insectes et autres micro-organismes). Les délais de fixation sont au moins de 15 jours dans du formol (la conservation de la peau ou de la bête entière sans passer dans du formol est déconseillée car cette conservation fragilise les os et la peau), avant transfert dans l’alcool (pour conservation de longue durée). La première opération du taxidermiste consiste donc à sortir les spécimens de leur fluide de conservation d’origine (formol ou alcool) et de les tremper dans de l’eau pendant plusieurs jours avant la suite des opérations.

Dépeçage

Avant d’entamer le dépeçage de la peau, il est conseillé d’étiqueter soigneusement le spécimen. Il est préférable de récupérer la peau à l’autopsie de l’animal ou tout juste après sa mort. Néanmoins on peut le faire après plusieurs jours, voire après des années de conservation dans du formol ou de l’éthanol.

Le dépeçage de la peau est très délicat car il faut éviter de la déchirer ou de la trouer. On ouvre l’animal à partir de l’anus jusqu’au milieu des pattes de devant. Ensuite, à partir du ventre, on retire la peau des deux flancs jusqu’au dos, ce qui fait apparaître un espace à partir duquel on fait passer les ciseaux pour découper l’animal en 2 parties par le milieu de la colonne vertébrale : cette technique permet d’enlever ensuite la peau « en doigt de gant » sans la déchirer.

Il faut dépecer chaque animal en conservant séparément la peau et le crâne, voire le squelette (le reste est jeté) : cette phase, qui consiste à recueillir la peau correctement détachée de toutes les parties internes de l’animal, mérite une attention particulière, surtout pour la queue, la tête et les pattes :

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Dégraissage de la peau

La peau, fixée préalablement lors de son passage en formol, est a priori déjà partiellement protégée contre les agressions d’agents biologiques (champignons, insectes, …). L’opération de dégraissage suivant le dépeçage se fait avec des pincettes et une lame de scalpel. On enlève la graisse et la chair restée sur la peau en la grattant avec la lame. On utilise les pincettes pour retirer les grands lambeaux de graisse et de chair, en évitant de déchirer la peau. Après avoir dégraissé la peau, on la lave avec de l’eau savonneuse pour enlever les restes de graisse et l’odeur. La peau dégraissée et lavée peut être gardée à nouveau dans de l’eau savonneuse ou dans un congélateur pendant plusieurs jours.  

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Formation et montage de l’armature

Avant de commencer le montage, il faut procéder aux retouches éventuellement nécessaires : recoudre les éventuels trous faits dans la peau, fermer le museau avec du fil…On peut alors préparer l’armature interne du spécimen : C’est en effet une armature en fil de fer qui remplace le squelette de l’animal. Elle est constituée de cinq morceaux de fil de fer, qu’on découpe selon les dimensions des parties concernées :

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Ensuite, on entoure de coton les morceaux de fil de fer selon la longueur et l’épaisseur des muscles de chaque patte en laissant libres les extrémités. Le montage de l’armature consiste à fixer les fils de fer dans la peau déjà préparée. Pour ce faire, on fait pénétrer les tiges entourées de coton dans les membres inférieurs, postérieurs et la queue. On commence en général par les pattes de devant en faisant bien entrer les bouts limés jusqu’aux doigts de chaque patte. On relie ensuite les deux bouts entre eux. Par le même procédé, on fait entrer ensuite les tiges des pattes de derrière qu’on relie également entre elles. Après on passe au fil de fer allant de la queue jusqu’au cou, qu’on entremêle avec les autres (ceux des membres).

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On obtient ainsi un animal avec le squelette principal (tête + corps, queue et pattes) reconstitué en fil de fer.

Empaillage

L’empaillage peut être fait à l’aide de « filasse » (ou fibre d’étoupe) utilisée par les plombiers et/ou du coton cardé ou du kapok. On découpe la filasse en petits morceaux. On rembourre la peau petit à petit en commençant par les membres postérieurs, et en faisant attention à ne pas laisser des poches vides. De temps en temps, il faut brosser la peau avec une brosse à dents mouillée à l’eau pour vérifier régulièrement la forme et au besoin remplir les vides.

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Couture

Une fois que tout le corps est bien rempli de filasse et qu’il ne présente pas de bosses, on peut commencer à recoudre soigneusement la peau, en prenant soin de travailler la forme normale de l’animal au fur et à mesure, en remplissant les éventuels vides qui se créent. Après la couture, il faut brosser soigneusement l’animal avec une petite brosse mouillée.

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Séchage

Pour faire sécher le spécimen, on utilise comme support un socle en polystyrène et des épingles. On met l’animal en position définitive et on fixe les quatre pattes et la queue avec des épingles. On rabat les oreilles avec un morceau de tissu pour les maintenir collées au corps. Après une semaine de séchage environ, on peut couper les bouts de fil de fer qui dépassent des membres avant de transférer le spécimen dans son lieu de stockage définitif. Il est nécessaire après la préparation d’entretenir les poils par brossages réguliers (à fréquence hebdomadaire par exemple).

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Préparation du crâne

Une fois enlevé de la peau, le crâne peut rester plusieurs jours dans l’eau sans pourrir s’il était bien fixé auparavant. On enlève alors la chair avec des pincettes en évitant de casser les arcades zygomatiques et autres parties osseuses fragiles. Après avoir enlevé le maximum de chair possible et le cerveau, on plonge le crâne dans de l’eau de Javel pure pendant 30 minutes. Le crâne est ensuite rincé abondamment avec de l’eau du robinet, trempé pendant une semaine dans une solution de perborate qui sert à blanchir les os, puis séché et rangé après avoir été numéroté.

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Le bain au Perborate est obtenu à partir d’une demi cuillérée à café dans un flacon 15 ml rempli à moitié d’eau. Le flacon est remué tous les jours pendant une semaine.

Rangement final

Après séchage, les animaux empaillés sont prêts pour un rangement définitif. A ce stade, il faut vérifier la disponibilité de toutes les références liées à chaque individu : numéro de terrain (ou de collection), nom du (des) collecteur(s), date et lieu de capture, mensurations, crâne correspondant…. Pour une conservation de longue durée, les spécimens doivent être rangés dans des boîtes de stockage appropriées, qui protègent contre l’humidité et les attaques de parasites extérieurs.

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Liste d’outils et de produits utilisés

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